Accident stupide …

Attention - YMartin.com

Vendredi 3 juin 2011

Les beaux jours arrivent, après la pluie, le soleil vient réchauffer nos cœurs et au Québec l’été est toujours accueilli avec beaucoup d’émotions. En effet, notre hiver est toujours trop long et les chansonniers d’ici le savent et le chantent : « mon pays ce n’est pas un pays, mon pays c’est l’hiver ! »…

Bref, tout allait bien jusqu’à la visite d’un bon ami, un vendredi après-midi de juin, là où le soleil est au zénith et/ou les endroits sombres et frais sont toujours les bienvenus.

À l’entrée, une porte métallique fermée à double tour et quelques marches rouillées à escalader à côté d’un quai de débarquement pour les camions. Au-dessus de nos têtes, l’autoroute bruyante nous oblige à parler fort ou à nous taire. La porte s’ouvre sur un grand espace sombre et son propriétaire se range sur le côté pour saisir le code de l’alarme. Et pour lui laisser l’espace de son travail, je me déplace sur le côté quand, sans annonce ni trompettes, sans garde-fou ou protection pour éviter cette mauvaise surprise,  mon pied reculant ne retrouve plus d’appui. Le sol se dérobe derrière moi durant une infinité de secondes et la chute est inévitable.  Je tombe dans l’inconnu, dans cet abime sans fin et mon cerveau travaille 100 fois, 1000 fois plus vite qu’à son habitude. Je tombe sans savoir pourquoi, ni ou ni comment cette aventure se terminera ! Cela ressemble aux films d’aventures à la « Indiana John’s » ou le héros se sort toujours des pièges tendus, aussi affreux les uns que les autres et/ou le facteur chance à toujours sa place.

Mes amis se demandent où je suis passé ! Monsieur X, propriétaires des lieus, s’est souvenu l’espace d’un instant, mais trop tard, qu’une trappe était restée ouverte, quelques jours plus tôt à cause d’un dégât des eaux et qui n’eut probablement jamais été fermée ou protégée. Je suis là, hagard, reprenant mes esprits, heureux d’être encore en vie, dans le fond d’un trou glauque, près d’une échelle métallique, solidement soudée au sol qui m’a peut-être servit de rampe de descente, recroquevillée sur moi-même et reprenant doucement mon souffle et mes esprits. Je suis en vie, je bouge. Rien ne semble vraiment abimé sauf mon pied qui me fait un peu souffrir, mais dont je souhaite n’être qu’une foulure. Je suis tombé à la renverse, sur le dos, ne sachant comment je me suis retourné, instinctivement comme le font les chats avec un gyroscope bien réglé, mes entrainements de karaté aidant sans doute à mieux préparer mes réflexes à l’inconnu, pour atterrir 2 ou 3 mètres plus bas dans un trou sale et graisseux.

« Yves, ça va ? » … les secondes m’ont sans doute paru plus longues mais je répondais que tout allait bien et remontait doucement les échelons métalliques de ma rampe improvisée, clopin-clopant. La tête hors du trou, je retrouvais la civilisation et les yeux ronds et interrogatifs de mes compères. Ils furent presque immédiatement rassurés en me voyant. Je ne semblais m’en tirer qu’avec quelques bleus et contusions, en plus de mon pied qui semblait se dérober malgré mes efforts. La douleur s’accentuait avec le temps, mais ça ne semblait pas trop m’inquiéter. Les muscles encore chauds anesthésiaient naturellement le mal.  Je souhaitais seulement que cet accident disparaisse et que ma foulure s’évanouisse tout aussi vite, ce qui ne semblait pas vraiment être le cas. Ma chair gonflait et en enlevant mon soulier de sport, un grand soulagement s’empara de tout mon corps. Il n’en restait pas moins que marcher semblait tout un défi. Après un peu de repos, mes amis me soulevèrent de chaque côté et me ramenèrent chez moi.

Yves ankle broken - YMartin.com

2 jours plus tard, mon pied ressemblait à une plaie vivante et gonflée par le mal. La glace ne semblait pas faire diminuer ce sang qui parcourait ma chair et les os étaient encore sensibles. Sur les conseils insistants de ma femme, l’hôpital fut tout indiqué pour rassurer tout le monde.

Dimanche 5 juin 2011

L’hôpital Fleury est le plus proche hôpital de la maison. 5 minutes plus tard, nous étions dans la salle d’attente. 20 minutes plus tard, nous discutions avec le docteur chargé du « triage ». Bien entendu, il me sermonna sur le fait que j’aurais dû garder mon pied « en permanence » avec un élément froid, pour éviter qu’il gonfle immodérément. Quelques minutes plus tard, le docteur me fit passer une radiographie et le résultat tomba net. Ma cheville était cassée !

On me fit un plâtre temporaire, en fait un support en plâtre entouré de bandage serré et le lendemain on m’opéra pour remettre le tout en place. La vitesse à laquelle tout fut ficelé, préparée, opérée et vissée (littéralement), me surprit. La télévision n’arrête pas de nous sermonner avec les ratés des hôpitaux, des délais trop longs, mettant en danger même le mandat des institutions médicales, mais en moins de 2 jours, je me retrouvais sur la table d’opération, nu comme un vers avec une équipe de spécialistes prête à me recevoir et réparer mon pied. Ils m’endormirent au complet. Je choisis ce mode plutôt qu’une péridurale avec spectacle sur demande de mon opération en direct. Je m’éveillais en salle de réveil. L’infirmière me conduisit ensuite dans une chambre de 4 personnes ou l’intimité n’a pas sa place. Durant cette période, on ne m’injecta pas de morphine dans le soluté, aussi, quand l’infirmier de nuit vint faire sa ronde, une double dose me fut offerte, car la première ne me fit aucun effet ! Par contre, cette drogue me mit dans un état plutôt guilleret … et la nuit fut douce !

Le lendemain, on ne voulait déjà plus de ma présence. J’appris à me servir d’une chaise roulante et rapidement je me retrouvais dans un environnement connu, dans mon lit douillet, attendant patiemment la lente guérison de mon pied…

Cheville cassée - YMartin.com

Cheville cassée - YMartin.com

Mardi 21 juin 2011

Le chirurgien avait planifié une rencontre pour vérifier l’état de ma cheville. Le pied devait rester plus haut que mon cœur afin de pouvoir faire circuler le sang correctement, mais ces consignes n’avaient pas été complètement suivies. Il fallait me rendre à l’évidence, la position horizontale devenait une nécessité. Avant la rencontre on me fit aussi passer une radiographie, histoire de voir comment tout cela s’articulait. Quant à la guérison et la chirurgie pratiquée 2 semaines plus tôt, tout semblait « sous contrôle ». L’orthopédiste me donna une botte de rééducation (en location à 50$ par mois), qui serait probablement remboursée par notre assurance et après plus de 2 heures passées à l’hôpital, principalement à attendre, j’étais de retour. Il m’avait été impossible de voir mes radiographies informatisées, mon dossier dans l’ordinateur refusant de s’ouvrir. J’aurais bien proposé mes services, mais justement, me déplacer était aussi un problème. Les consignes : Jambe en l’air durant encore 3 semaines … et ça ne serait pas un « party » !

Mardi 12 juillet 2011

Trois interminables semaines plus tard, gardant le lit et la jambe en l’air durant toute cette longue période (ordre du médecin), trouvant les journées humides et chaudes, autre rendez-vous avec le Dr N’Guen, chirurgien qui m’avait opéré. Cette rencontre, planifiée, quelques semaines plus tôt, ressemblait à une délivrance.  Pour la première fois, je découvrais les 2 longues vis qui m’ont été insérées dans la cheville du tibia et que l’on ne m’enlèverait que d’ici 12 à 18 mois … Au terme de cette rencontre, je fus autorisé à marcher avec des béquilles, doucement. La rééducation serait longue, mais tout semble guérir selon les prévisions.  Patience donc !

Yves ankle before after - YMartin.com

Même si mon pied est encore loin d’être guéri et autonome, je peux commencer maintenant à marcher sans béquilles. Mon pied enfle encore si je reste assis trop longtemps et je dois m’allonger un peu pour donner au sang, le temps de circuler dans ma jambe, sans trop s’accumuler dans le pied. Le médecin m’a expliqué que les tissus ne s’étaient pas encore complètement reconstruits et que les vaisseaux sanguins devaient être compressés ou bouchés. La pesanteur doit faire son travail… doucement. Et comme c’est les vacances, tout fonctionne lentement !

Dimanche 31 juillet 2011

Que c’est long ! Durant ces 2 mois de convalescence, j’ai trouvé le temps long. Rester statique dans un lit, la jambe en l’air, devant la télé, peut sembler amusant les premiers jours, voir la première semaine, mais ça devient très ennuyant, très rapidement. Tout devient compliqué et s’assimile à un exploit, tel un soldat envoyé en mission. Déplacer des objets avec 2 béquilles c’est vraiment loin d’être pratique et on doit s’adapter à la situation. L’utilisation d’un petit sac en bandoulière devient rapidement nécessaire, mais même de simples gestes deviennent compliqués. Prendre une boisson fraîche dans le frigidaire par exemple : Il faut poser une béquille, rester en équilibre sur une jambe ou la poser si c’est possible, ouvrir la porte du réfrigérateur, prendre la bouteille et la déposer pas trop loin. Fermer la porte, prendre une béquille et la bouteille dans l’autre main, ou pour ne pas perdre trop de temps, sauter à pied joint avec la bouteille dans la main jusqu’à sa destination, revenir « clopin clopan » récupérer ses béquilles, et enfin aller à l’endroit souhaité !… N’oubliez rien ! Le gestionnaire en moi organise les voyages et cumule les déplacements afin d’optimiser ces laborieux trajets. Bref, ne pouvoir marcher avec ses 2 pieds est vraiment très handicapant.  Avec ce temps chaud et humide, le simple petit effort vous fait transpirer et la douche devient un autre casse-tête. Pas question de prendre le risque de se doucher sur un pied, alors tout devient très manuel et pénible. Bien souvent, la débarbouillette terminée, tous ces efforts me font tellement transpirer que ce lavage est devenu inutile ! Heureusement, depuis peu, les douches sont enfin possibles et c’est vraiment un bonheur de pouvoir en profiter ! J’étais devenu avec le temps terriblement repoussant à cause de cette chaleur. Même le petit air climatisé ne suffisait plus à la tâche… Ce n’est maintenant qu’un mauvais souvenir.

Vendredi 05 août 2011

Mon pied enfle encore. Plus ou moins selon les journées, mais la différence, entre le matin et le soir est visible. Cela se traduit par une mobilité réduite et un repos nécessaire pour permettre au sang de circuler plus facilement.

Yves pied enflé - YMartin.com

Marcher reste encore un défi et je ressemble plus à un pépère de 80 ans qu’à ce que j’étais 2 mois plus tôt ! Mon pied n’a pas retrouvé sa jeunesse ni sa flexibilité d’avant, mais les améliorations sont visibles. Le repos est encore d’actualité, mais moins fréquent. « Marcher, marcher, marcher… » me répète Yin, ma femme, il faut marcher pour permettre au sang de reconstruire les tissus et reprendre le dessus… Elle a raison. Quelle aventure !

Lundi 29 août 2011

Vélo staionnaire - YMartin.com

Vendredi dernier j’ai acheté d’occasion un vélo stationnaire pour faire un peu d’exercice à mon pied handicapé. Le vélo indique mes pulsations cardiaques, peut être programmé en changeant automatiquement la force du pédalage selon le programme choisi et vous indique à la fin de l’exercice, votre score de récupération ! Pour 75$, c’est un bon deal je l’avoue. Après quelques jours seulement, je remarquais avoir plus de facilité à marcher, que ce dernier enflait aussi moins. Est-ce lié à l’exercice ou simplement le temps qui passe ? En tous les cas, l’exercice semble être bénéfique, et pas seulement pour mon pied, mais aussi pour ma santé mentale… Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ! En fait, le docteur m’avait un peu laissé à mon triste sort, ne me prescrivant pas de physiothérapie, m’indiquant seulement que je devais bouger mon pied de haut en bas, point à la ligne ! Pour la première fois en un peu moins de trois mois, je retrouve un semblant de démarche naturelle (dans la maison). Bon, c’est une bonne nouvelle en soi, espérons que cela continue dans cette voie et qui vivra, verra !

Samedi 07 avril 2012

Près de 10 mois se sont écoulés. Ma cheville continue d’enfler chaque matin, bien que cela ne soit pas perceptible à l’œil. Les premières minutes du réveil sont douloureuses pour mon pied dès qu’il touche le sol et qu’il supporte mon poids. Après quelques pas et un peu d’exercice en marchant naturellement dans la maison, ça va mieux, j’arrive à l’oublier. Mais mon pied ne peut toujours pas plier vers l’avant, toujours raide à presque 90 degrés, et même avec de l’exercice cela n’arrange rien. Physiothérapeute et ostéopathe m’ont aidé quelque temps, mais de façon toujours temporaire. Ils m’ont conseillé d’aller rencontrer mon chirurgien, mais ce dernier me déclara, sans même me regarder ni vérifier l’état de la cheville, qu’on ne pouvait rien faire et que probablement je resterais ainsi ! Bien entendu, il n’est pas facile d’entendre que son opération a des ratés, et c’est sans compter les politiques de l’hôpital qui obligent les praticiens à comptabiliser le temps opératoire et les coupes budgétaires… Bref, découragé des 5 minutes passées avec ce docteur peu compatissant, je décidais de prendre rendez-vous avec un autre médecin. Un deuxième avis m’éclairerait peut-être sur les causes de cet état qui me paralyse à bien des égards. La suite dira si les bouts de métaux qui me sont encore visés dans l’os en sont la source, car je n’arrive pas à comprendre ce qui m’arrive, et comprendre est dans ma nature. Je soupçonne, sans certitude, les vis d’en être la cause. Cela n’est pas cartésien et va contre la logique, mais le corps humain est loin d’être une machine toujours cohérente, alors je me rabats sur l’hypothèse la plus simple du moment …

L’origine de cet accident est une chute de près de 8 à 10 pieds (environ 2.8 à 3.5m.), tombant à la renverse dans un trou et dans un bâtiment sans lumière. Loin d’être nostalgique, mais simplement pour garder en mémoire ce moment où ma vie si fragile aurait pu basculer, voici les photos de tous mes soucis …

Accident - Trou1 - YMartin.com   Accident - Trou2 - YMartin.com

Jeudi 19 avril 2012

Le verdict est tombé. Ma cheville n’est pas foutue (il y a bien pire dans la vie), mais le Dr Gervais, docteur spécialisé en médecine et orthopédie du sport, m’a donné cette fois, une explication claire et rationnelle. La convalescence sera longue et mon pied ne pourra plus être aussi souple et les mouvements aussi normal que ce qu’ils étaient. La « capsule articulaire » qui permet le pivot entre mon pied, le tibia et le péroné a été altérée et probablement abimée. Cette « capsule » est en fait une espèce de coussin dans lequel un liquide sert à faire glisser les mouvements de la cheville sur les cartilages, sans abimer les os. Ce coussin, qui a été endommagé par la chute, ne permet plus d’avoir une articulation aussi aisée et naturelle qu’avant et limite donc les mouvements. Les douleurs du matin sont aussi une des conséquences de l’accident. Ceci se produit aussi lors des repos prolongés en étant assis ou autre. Bien que les médecins ne connaissent pas exactement les causes de ces douleurs, il en connaissent les effets. L’exercice est toujours de mise (ouf… je continue le Karaté !), mais il faudra éviter les chocs. Pas de jogging, mais le vélo est quant à lui conseillé. Cela pourra prendre plusieurs années avant que ma fragile cheville ne reprenne un semblant de ce qu’elle était avant. D’après les chiffres, je serais aussi plus à risque pour une arthrose au niveau de ma cheville que bien des gens, mais ceci ne sont que des chiffres. Et dans ce domaine, les médecins préfèrent les statistiques aux garanties ! L’avenir me dira ce qu’il en est !

Lundi 23 juillet 2012

« Venez à jeun depuis minuit la veille, dès 8 heures le matin à l’hôpital pour vos tests postopératoires, porte 4 … ». Enfin, ça y est, le chirurgien va pouvoir m’enlever les 2 vis qui ruinent ma vie depuis plus d’un an. Bien entendu, une fois arrivé à l’hôpital, je dois remplir un questionnaire sur mes antécédents médicaux et familiaux, uriner dans une bouteille et attendre. Une heure plus tard, je retourne voir l’infirmière qui s’excuse, argument que des imprévus ont retardé les processus de l’hôpital, ce qui retarde tout le monde. On rencontre, ma femme qui m’avait accompagné et moi, une infirmière qui nous explique en détail ce qui va se passer lors de l’opération, mais nous explique aussi que ça ne sera pas aujourd’hui, à ma grande déception, mais plutôt dans un mois ou deux, selon la disponibilité du chirurgien. Nous sommes en pleines vacances de la construction, il y aura certainement des délais… Bref, aujourd’hui ce ne sont que les tests postopératoires, prise de sang, urines et électrocardiogramme. Je suis quand même surpris du délai entre les tests et l’opération. N’est-ce pas trop long ? Et si les tests avaient changé durant ce temps ? Mais on m’explique que c’est ainsi et on ne peut rien y faire ! L’infirmière nous expliqua aussi ce qui se passera lors de l’opération, somme toute banale. Être à jeun depuis minuit la veille, arrêter la prise de médicaments non essentiels depuis une semaine précédant la date opératoire et arriver accompagné pour le retour sous peine de voir l’opération annulée. Être présent à l’hôpital à 6h30, 3ième étage. Préparation et me planter une aiguille dans le dos pour l’anesthésie partielle. L’opération va durer 30 minutes. Salle de réveil durant au moins 1 à 2 heures et retour à la maison le jour même ! Et voilà. Reste à déterminer la date… J’ai hâte !

Jeudi 26 juillet 2012

Ça y est, c’est officiel, lundi 13 août, je passe au bistouri ! Je devrais dire à la deviseuse, mais ce mot n’est pas très joli à prononcer, bref, on m’a appelé hier soir pour me signifier la date et l’heure de ma petite opération. L’attente est moins longue que prévu, tant mieux ! Bien que rien ne soit définitif, car un changement d’horaire pourrait survenir à tout moment, la date quant à elle semble bien fixée dans les agendas de l’hôpital Fleury et ça sera un lundi matin, 6h30, le 13 août 2012, soit 437 jours après ce malheureux évènement (Ou si vous préférez : 1 an, 2 mois, 1 semaine et 3 jours).

Lundi 13 août 2012

7h30 du matin, nous y sommes, Yin qui m’accompagne et moi, au 3ième étage de l’hôpital Fleury pour une chirurgie d’une journée. Le rendez-vous a été décalé d’une heure, ce qui nous a permis de dormir un peu plus. On doit m’ôter les 2 vis de la cheville, laissées là il y a plus d’un an pour réparer l’os cassé. Yin m’aidera à rentrer quand l’opération sera terminée. Je dois passer sur la table d’opération vers 9h30.

On m’offre une belle chemise de nuit bleu hôpital et on m’explique que je ne dois rien garder sur moi, ni bijoux ni caleçon… Nu sous ma longue chemise, je retourne attendre mon tour. En attendant, je signe les décharges habituelles et on me pose les mêmes questions que la fois précédente, vérifiant que je suis bien à jeun, que je n’ai pas d’allergies ou de détails médicaux que l’hôpital devrait savoir. Bref, je suis en en pleine forme pour ce genre d’intervention !

Il est maintenant environ 10h00 quand un infirmier vient me chercher et me demande de mettre sur le lit roulant qui m’emmène au bloc opératoire. On vérifie mille fois mon identité avec le petit bracelet que l’on m’a remis lors de l’inscription. On me pose les mêmes questions sur mon nom et quelques informations personnelles, histoire de voir si je possède encore tous mes sens. Après une attente dans le couloir du premier sous-sol, l’anesthésiste me demande quel type d’insensibilisation je préfère, complète ou partielle ? Ça ressemble à la carte des menus d’une crêperie bretonne, et je choisis la partielle ou rachidienne pour les spécialistes. En 2 mots, c’est une piqure que l’on vous fait dans le dos, au niveau de la 2ième ou 3ième vertèbre pour anesthésier le bas du corps. Vous ne dormez pas, mais la douleur est inhibée par un liquide injecté dans le système rachidien. Le soluté installé, ma veine trouvée tant bien que mal, après 2 piqures infructueuses dans la main, l’infirmier s’étant résolu à me piquer dans l’avant-bras, je me retrouve sur la table d’opération, les bras écartés sur des supports et les feux des projecteurs sur ma cheville que l’on prépare. Je commence à sentir les effets de l’anesthésie en même temps que le chirurgien commence à charcuter mon pied, mais ce n’est qu’une sensation, les drogues ayant déjà fait leurs effets sur le bas de mon corps. L’infirmer, là pour me rassurer et aider l’équipe médicale, m’explique que l’anesthésie endort la douleur, mais pas le toucher. C’est une sensation étrange que de sentir des petites coupures ou des poussées profondes dans les jambes. Pas de machine, pas de tournevis électrique comme j’aurai pu l’imaginer, tout est fait manuellement. Un drap bleu me cache, volontairement la vue vers l’opération, sans doute pour m’éviter des peurs inutiles ou simplement pour garder l’intimité des chirurgiens, bien que dans ces situations, l’intimité n’a pas vraiment de place !

30 minutes plus tard et tout est terminé. On m’emmène ensuite vers la salle de réveil durant une heure, pour que l’effet de l’anesthésiant se dissipe un peu. L’infirmière me demande si je peux bouger mes orteils, mes jambes, mais rien n’y fait, tout est vraiment gelé ! Deux heures plus tard, je suis capable de bouger  un peu mes cuisses, mais mes orteils sont complètement insensibles. Il y a toujours ces idées sombres que l’on imagine dans ces cas-là. Et si l’anesthésie ne partait jamais ? Et si je restais ainsi toute ma vie ? … quelques mots et l’infirmière me rassurent en m’expliquant que nous avons tous des réactions différentes, mais que tout va bien aller … mouai … On me remonte quand même au 3ième étage, dans ma chambre assignée avec 3 autres personnes, qui comme moi, attendent que les effets des drogues se dissipent. On a l’air de gais lurons dans cette chambre uniforme, se racontant nos petites histoires à qui a eu le plus de problèmes, riant et se remontant le moral. Normalement, on doit rester alité 3 heures avant de pouvoir sortir de l’hôpital.

Les critères de libertés sont de pouvoir se tenir debout (même et surtout aidés), mais surtout d’avoir pu uriner. Et c’est là que les problèmes commencent. En effet, deux heures et demie plus tard, les effets des produits endormants dans mon organisme commencent à se dissiper et mon #### commence aussi à devenir douloureux. C’est un peu comme si après être resté dans la glace ou le froid, un des membres de votre corps dégèle. La sensation est la même et c’est très désagréable. Autre effet indésirable, avec le soluté, ma vessie se remplit et je ne suis pas capable d’ouvrir le petit robinet naturel qui me permet d’évacuer mon urine. Pire, les douleurs commencent à apparaitre et l’infirmier m’explique que ma vessie est à peine capacité. L’échographie indique que j’ai plus d’un litre à évacuer, sinon un cathéter m’aidera à le faire à ma place. Les douleurs sont insupportables, je transpire et je tremble comme une feuille d’automne, je ne contrôle plus rien. On m’apporte des béquilles à roulettes pour que j’essaye de faire pipi sans l’aide d’un tuyau qui m’effraie un peu, intervention que je refuse pour l’instant. Le voyage des quelques mètres à parcourir jusqu’au petit coin de la petite chambre pour 4 est un supplice. Mes jambes se dérobent et à tout moment, j’ai l’impression que ma vessie va exploser… Un petit récipient est installé sur les toilettes, car on doit vérifier quelle quantité d’urine on évacue. Tant bien que mal, je reste debout et je pousse de toutes mes forces pour uriner. C’est douloureux, mais après quelques essais, un petit jet timide sort sans attendre. Je répète l’effort 4 ou 5 fois pour essayer de rejeter le maximum de ce fluide douloureux. Je sue à grosses gouttes, je transpire sans compter, mais cet épisode semble se terminer et tout rentre dans l’ordre. La douleur a enfin disparu, et comme un enfant heureux, j’esquisse un sourire réparateur et de soulagement. Ce qui m’a vraiment fait plaisir, c’est que sans y prêter attention, j’avais rempli les 2 conditions pour pouvoir rentrer chez soi, marcher et uriner ! L’infirmier nous remit les papiers administratifs et une ordonnance pour se procurer des pilules contre la douleur. 30 minutes plus tard, Yin me poussait dans une chaise roulante, direction la maison !

Vis hôpital Yves - YMarin.com

Dans une semaine, j’ai rendez-vous avec le médecin qui m’ôtera le bandage. Le plus difficile sera de se passer de douche durant 8 jours ! Elles sont proscrites pour éviter toute infection. Je vais sentir le fauve …

Mardi 21 août 2012

Ça y est, une page d’histoire est enfin tournée (sans être trop prétentieux quand même), les vis ont été enlevées il y a une semaine et le dernier bandage vient quant à lui d’être ôté de ma cheville pour laisser apparaitre une autre belle cicatrice, en fait coupée sur la précédente pour que ça ne se voie pas trop. D’ici quelques semaines, ce ne sera qu’un mauvais souvenir, quand les fils qui referment ma chair auront disparu.

Dernière cicatrice - YMartin.com

J’ai aussi récupéré les 2 vis, intimement visées durant plus d’un an dans mon pied. Il a fallu traverser les dédales de couloirs du 1er étage de l’hôpital et trouver finalement le laboratoire et Isabelle, la secrétaire du département de pathologie. Sur présentation d’une pièce d’identité, elle me remit un petit sac ZipLock contenant une boite cylindrique en plastique dans laquelle 2 vis étaient fraîchement nettoyées.

Ce n’est pas un trophée, mais plutôt la curiosité qui l’a emporté. Ces 2 petites pièces de métal me rappelleront sans doute que l’avenir ne tient parfois… qu’à une (ou deux) vis !

Vis médicales cheville - YMartin.com

(FIN… pour l’instant)

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