Hiver au sirop d’érable

Cabane à sucres
Cabane à sucre « Sucrerie à l’Eau d’érable » – 14 avril 2006.

(Réponse partagée dans un Blog amical…)

C’est toujours intéressant de comparer les saisons des différentes régions et les continents éloignés. Comment nous réagissons face à l’inconnu, aux nouvelles coutumes ou couleurs des saisons qui semblent s’acclimater avec les traditions, mais qui au fond se ressemblent plus ou moins malgré les distances. Ce qui est nouveau c’est ce décalage dans le temps des saisons qui débordent sur les suivantes. La nature semble parfois déréglée. Est-ce à cause du cycle invariable de l’univers, qui à travers les millénaires nous poussent d’une aire glacière aux déserts les plus secs ou est-ce simplement à cause de l’homme qui, comme un enfant qui touche à tout, dérègle un peu la mère nature ? Depuis plus de 14 ans, je compare les hivers au Québec et il faut bien l’avouer, ils sont de moins en moins rigoureux, il y a de moins en moins de neige et de plus en plus d’excès de la part de madame nature. En ce moment, de Vancouver à Calgary, dans l’ouest Canadien pourtant beaucoup plus tempéré d’habitude que le Québec, côté pacifique, il fait entre -20 et -35 par endroits, sans compter les 30 cm de neige qui se sont aussi abattus sur ces régions. Ici, c’est un petit déluge continu de pluie, prévue encore pour les prochains jours. On espérait un peu de froid (et ce n’est pas coutume, car on aime bien l’hiver, mais 6 mois par année, ça tape un peu sur le morale des gens) mais ça n’a pas duré … la chaleur et la pluie sont revenues (toute proportion gardée bien sûr car au dessus de 11 degrés Celsius fin novembre, ce n’est pas trop habituel !).

Comme Delphine, j’aime aussi l’hiver, je l’adore même. Je suis parfois comme un enfant, tout excité à l’idée de voir quelques flocons. C’est magique et envoutant. Je me souviens de nos premiers jours d’hivers, entendre les québécois nous raconter que l’euphorie des premiers mois ou peut être des prochaines années, allaient s’estomper avec le temps et que nous allions petit à petit détester ce froid et cette neige qui envahi le coeur des habitants, qui les rend moroses et tristes, mais rien n’y fait. J’aime l’hiver et les jours plus courts. Ça ressemble à une saison intime ou tout est permit. Ou les sports de glisse sont rois, ou le sirop d’érable profite des quelques derniers souffles de l’écorces des arbres pour s’échapper et ravir nos papilles. L’hiver c’est l’intimité de la nature qui se déguisent pour embellir nos coeurs, c’est la rencontre fréquente avec la lune en plein jour, c’est faire du patin des heures durant sur le canal Rideau à Ottawa, les ballades à traineau, en « skidoo », du ski sur les petites pentes du mont Gabriel, les batailles de neige impromptues, les sculptures sur glace impressionnantes, les aurores boréales pour ceux qui ont la chance des les découvrir un peu plus au nord magnétisé par cette vie magique et rayonnante. « Mon pays ce n’est pas un pays, c’est l’hiver ! »

En regardant la recette canadienne, je ne sais pas si tout y est (sic!) … mais la nature veut qu’au Québec, il faut compenser le manque de calories que l’on perdra de toute façon quand il faudra déneiger les voitures à -20 le matin, ou les pousser pour les plus malchanceux ! Alors, oui, les repas sont parfois copieux. Le plus grand plaisir c’est la cabane à sucre, normalement avant la fin de l’hiver, pour déguster le nouveau sirop d’érable accompagné d’oreilles de crisse (oreilles de port frit), avec les traditionnelles « beans » à l’érable, avec en entrée une soupe chaude aux pois, de marinades maison, pain et creton maison, fèves au lard et à l’érable, jambon rôti, de patates rôties, saucisses dans le sirop d’érable, accompagné de jambon et d’oeuf et d’érable, et pour finir avec des pancakes avec un peu d’érable, de pouding du chômeur (imbibé de sirop d’érable), de crêpes…, de tarte au sucre à la crème, pour enfin se rassasier avec de la « tire » (sirop d’érable durcie sur un banc de neige propre)… C’est copieux mais c’est aussi une protection naturelle contre l’hiver. C’est une rébellion ou les racines françaises ne sont pas loin, car quand on parle de bouffe, de bonne bouffe, il y a toujours un petit français en nous qui sourit, juste pour le plaisir.

Réf.: sanspaysfixe.canalblog.com

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