Pour Noël et le jour de l’an, ma sœur et sa famille, Yin et moi nous nous sommes offert un voyage à Cuba du 26 décembre 2006 au 02 janvier 2007, 8 jours paradisiaques. Un mois avant le départ, nous étions déjà tous très excités à l’idée de se retrouver en pleins hivers, au bord de la mer et des cocotiers. À vrai dire, nos femmes en rêvaient bien avant la date fatidique et préparaient déjà leurs valises, léchaient les vitrines pour s’acheter un bikini et des crèmes à bronzer ! Il faut dire que le contraste entre Cuba et le Canada est assez fort, à choisir entre le froid et la neige ou le soleil tropical et l’air des bords de mer sur les sables chauds, le choix est sans appel et l’île des Caraïbes un paradis comparé aux habitudes hivernales du Québec !
Maud et sa famille (ma sœur) avaient le choix entre venir directement de France vers Cuba ou faire escale à Montréal avant d’atterrir au soleil. La différence monétaire du prix des billets étant encore à l’avantage de Montréal, le Canada fut pour tout le monde le point de rencontre privilégié avant de partir se dorer la pilule au soleil !
Premier choc en atterrissant, après que la piste d’atterrissage de Holguin, rudimentaire et cahoteuse nous chahuta un peu pour nous prévenir que les vacances commençaient, fut la température. 27 degrés Celsius à l’ombre et une humidité très agréable ! Le soleil était de plomb et tout le monde se retrouva rapidement en t-shirt, tenu officiel des touristes à Cuba !
Bien qu’informés du climat politique à Cuba et du manque de tout comparé aux pays occidentaux ou américains, les Cubains sont des gens accueillants et gentils. La compagnie de vacances « Sunquest » nous accueillit dans un bus tout confort, air climatisé et télévision, même si le bus ressemblait aux autobus que nous prenions quand je n’étais encore qu’au collège, il ressemblait à quelque chose de luxueux dans ce paysage qui pourrait se comparer aux années d’après-guerre. Un retour dans le temps comme dans nos livres d’histoire nous attendait.
Quand vous êtes touriste à Cuba, vous n’avez le choix que d’échanger votre argent pour la monnaie locale, réservé aux Touristes, le « Pesos cubains convertibles » (CUC), valant à peu près 20 fois plus que le « Pesos Cubain » local, néanmoins échangeable pour le bonheur des Cubains. Si vous ne parlez pas l’espagnol, alors l’anglais sera votre langue des vacances… mais si vous ne parlez pas anglais, les gestes et la bonne volonté seront de mise pour vous faire comprendre, encore que la monnaie convertible remplace incontestablement tous les efforts que vous pourriez avoir à faire pour être compris, une troisième langue internationale ! Dans ce pays où un petit rien est déjà exceptionnel, même le français est compris avec un peu de compréhension ! Mais pas de soucis cette fois, nous parlons aussi l’anglais et quelques mots d’espagnol, traces de cours de 2ième langue apprise au collège il y a plus de 25 ans.
Cuba, dirigé par une main de fer, pourvoit à tout pour les Cubains qui ne possèdent, eux, rien ! Si vous cassez un verre, alors il faut le garder et justifier au pouvoir mis en place que ledit verre est bien cassé et on vous le remplacera, sinon… il ne faut même pas y penser. Idéologie, respect et savoir-vivre font partie de la vie cubaine. L’éducation est la richesse du pays, un pays qui se développe en découvrant ses propres richesses et les exploitants, grâce, principalement au commerce des pays européens, la Chine et le Brésil et une partie venant du Canada. Depuis 1999, malheureusement, Cuba ne peut plus compter sur la Russie avec qui elle faisait du troc depuis des années. Mais Cuba souffre surtout de ce blocus instauré par les Américains depuis 1958, et les villes, ainsi que les gens même souriants, semblent rêver en silence et aspirent à un changement. Des détails nous étonnent, démontrant le manque de matières premières. Des statues, normalement faites de bronze, sont faites de bois et en une sorte de papier mâché, recouvert de vernis. Les gens font la queue partout pour s’approvisionner avec des tickets de rationnement, mais il règne partout un calme et une sérénité à toute épreuve !
Après plus d’une heure de trajet en bus, l’hôtel 5 étoiles, le « Playa Pesquero » (la plage des pêcheurs) nous attendait. Un apéritif pour nous accueillir et un bracelet bleu pour nous identifier, un peu comme une étiquette marquée « touriste », nous arrivèrent, un peu fatigué par le voyage à notre chambre. L’air climatisé se mit en route une fois notre clé magnétique placée dans le lecteur spécial, mais une fois retiré, la climatisation ne fonctionne plus !!! Après un petit tour à la réception et un bout de carton pour bloquer le lecteur de carte, l’air climatisé, climatisé enfin ! La télévision nous propose des programmes en espagnol, en italien, en allemand, en français, quelques chaînes américaines et même une chaîne Chinoise, au plus grand bonheur de Yin ! Même à Montréal, nous ne pouvons avoir ce canal via les fournisseurs habituels ! Bref, la télé n’étant là que pour nous distraire si le beau temps faisait défaut (ce qui n’est jamais arrivé durant ces 8 jours de vacances) ou avant de nous coucher, nous n’allions sûrement pas nous attarder sur les programmes proposés au petit écran. Après avoir rangé nos affaires et pris une douche, nous voilà partis à la découverte de l’hôtel.
« … Ce n’est pas un hôtel, c’est un village ! ». Avec plus de 7 restaurants et 944 chambres, magasins, bars, comptoirs de crèmes glacées, une piscine grande comme un stade olympique, un centre de gym et de sport, des billards, tables de ping-pong, une plage magnifique et ses bateaux, catamarans et pédalos, vélos, moto et voitures de location, cet hôtel ressemble bien à une petite ville, qui a même son propre groupe électrogène en cas de coupure de courant. Un contraste impressionnant entre la population cubaine et ses maisons souvent faites de toit de feuilles de palmier ou de taules ondulées et les carrioles tirées par un cheval ou parfois des bœufs. Petit détail amusant. Les clôtures naturelles, qui séparent les maisons des champs ou des voisins, sont faites de cactus. Une séparation plutôt efficace que je n’essayerai même pas d’escalader si je devais m’en échapper !
Les vieilles voitures sont aussi au rendez-vous. Laissés par les Américains dans les années 50, rares sont les Cubains qui ont une Chevy (Chevrolet). Souvent, c’est un héritage transmis avec fierté de père en fils, ces voitures encore fonctionnelles sont ne sont pas considéré comme un gage de richesse, mais plutôt comme moyen de transport partagé entre familles, amis et travailleurs. Entretenues par des mécaniciens ingénieux, souvent fabriquant eux-mêmes les pièces de ses voitures rares, faute de pièces de rechange disponibles, ces petits bijoux se fondent avec le paysage pour offrir à Cuba un cachet inoubliable et pittoresque. Entretenue avec soin, brillante et lustrée, le plus impressionnant est certainement de les voir rouler dans ces villes ou l’histoire semble s’être figée.
Cuba, c’est aussi le pays du cigare. « Cohibas », « Romeo et Juliet » ou « Montecristo » ne sont là que quelques noms des cigares les plus connus de la planète et ils sont tous fabriqués à Cuba. Monopole d’État, seul le gouvernement cubain est autorisé à les vendre. Les prix sont donc fixés et il n’est pas possible d’essayer de les négocier. Attention aux copies vendues dans la rue pour quelques pesos. Ce sont certainement des cigares volés ou faits de feuilles de bananes. Si le sceau officiel et ses caractéristiques de sécurité n’y sont pas, n’essayez pas de passer la douane avec, ils seront probablement confisqués. Nous avons visité une fabrique de cigares. Il est impressionnant de voir la qualité et le savoir-faire requis pour fabriquer un seul cigare. Entrez dans la fabrique et les odeurs un peu sucrées des feuilles de tabac vous envahissent. C’est une expérience à ne pas manquer !
Depuis le 4 septembre 1961, un embargo total contre Cuba fut ratifié par le Congrès américain. Commencé quelques années plus tôt (1958) avec quelques restrictions sur les armes, l’énergie pétrolière et l’arrêt des échanges commerciaux du sucre cubain, Cuba est un territoire interdit pour tout citoyen américain. Il est surprenant quand même de trouver ici et là quelques traces de marchandises interdites dans ce pays !
Mais Cuba c’est avant tout un endroit calme et peu pollué, même si toute l’électricité est fournie à partir de pétrole, l’île se dote de politique intelligente, visant à réduire la consommation. Par exemple, vous ne trouverez aucune ampoule électrique à filament à Cuba. Toutes les lumières sont, soit des néons ou des ampoules électroniques, technologies qui visent à réduire la consommation pour une même qualité de source lumineuse, et qui de ce même fait, augmente aussi la durée de vie de ces ampoules. Bien entendu, il y a beaucoup d’efforts à faire pour que Cuba retrouve son dynamisme économique d’antan, mais même si la population en générale est assez pauvre et que les infrastructures sont très vétustes, je n’ai pas remarqué sur l’île de gens malheureux. Les Cubains ont la chance de bénéficier d’un régime fournissant à chacun la chance d’aller à l’école et l’université, pourvoyant donc à l’éducation, la médecine et la nourriture, même si les hôpitaux vétustes n’inspirent guère confiance vue de l’extérieur. Il y a aussi un grand respect de la propriété. À aucun moment, je n’ai vu de graffitis ou de vandalisme. Le respect d’autrui semble être une valeur encore respectée à Cuba. Bien entendu, ce n’est là que la couche superficielle de ce qu’un touriste peut voir d’un œil extérieur, mais cette vue d’ensemble me donne réellement envie de mieux connaître ce pays.
Les vacances sont maintenant terminées. Nous retournons à Montréal et pour ma sœur et sa famille, en France pour continuer notre train train journalier. Il est certain que nous avons passés là de merveilleux moments de détentes, mais aussi de découvertes qui nous donnent envient d’en savoir plus. Aux prochaines vacances donc …
Les photos sont disponibles dans l’album de famille.