Embellir, falsifier ou truquer une photo est si facile de nos jours avec les outils informatiques à l’ère de Photoshop ou simplement depuis votre téléphone intelligent ! Pas besoin d’être un spécialiste. Un ordinateur et un peu de doigté sur un clavier et la photo du magazine sont ajustés pour répondre à une image commerciale très exigeante. Mais au-delà de la beauté, il y a aussi d’autres domaines où l’image peut être manipulée et altérée, non plus à des fins esthétiques, mais plutôt pour tricher dans des domaines aussi vastes que la politique, la diffusion de l’information et même l’espionnage. Alors, comment distinguer le vrai du faux ? Comment avoir la certitude qu’une photo n’a pas été manipulée ? Comment s’assurer que l’information n’a pas été faussée avec une image qui ne reflète pas la réalité ? C’est là qu’intervient « Tungstène », la dernière génération de logiciel capable de traquer la moindre petite retouche sur une photo numérique. D’origine française et à la demande initiale du ministère de l’Intérieur et de la défense, le projet « Tungstène » démarré en 2009, a utilisé une méthode innovatrice, purement scientifique, utilisant trois procédés mathématiques uniques : optique, algébrique et archéorithmique. À contrario, les logiciels actuels ne s’attardent que sur des informations traditionnelles comme les signatures d’images, leurs tailles ou encore le type d’algorithme utilisé pour leur codage. Cette nouvelle approche traque les moindres changements dans l’image, les moindres irrégularités ou incohérences en quelques minutes, voire quelques heures pour des images plus complexes, avec un taux de réussite jamais atteint !
Cette méthode a permis d’authentifier ou d’invalider beaucoup d’images populaires, comme les photos de la mort d’Oussama ben Laden, diffusées en mai 2011 et qui se sont avérées être des photomontages astucieux, de la foule insérée et ajoutée aux photos diffusées lors de la mort de l’ex-dirigeant de la Corée du Nord, d’images de missiles en Iran qui montrent une superposition d’objets, augmentant le nombre de missiles, mais aussi utilisé lors de preuves dans un procès qui présentent des relevés de comptes, et qui ne sont en fait des montages de plusieurs images superposées … Bref, « Tungstène » a déjà prouvé son efficacité sur des milliers de photos. Et pour preuve, les agences de presse et des gouvernements du monde entier utilisent « Tungstène ». L’entreprise française qui a développé ce logiciel, Exo maKina, travaille maintenant sur une version pour les fichiers vidéos, car là aussi, la demande est importante.
Est-ce la fin des images truquées ? Malheureusement non, même si ce talentueux logiciel est capable aujourd’hui de déceler le vrai du faux, il ne faudra pas longtemps aux pirates d’en déceler les failles et de s’en servir pour déjouer le code. Mais une chose est sûre, les photomontages deviennent de plus en plus compliqués, et tricher sans pouvoir se faire prendre est inaccessible maintenant aux néophytes.
Sources :
- http://www.exomakina.fr/eXo_maKina/Tungstene.html
- Science & Vie, Mai 2012, p. 84-91